L’auto-manipulation ou comment ne plus faire soi-même son propre malheur

Auto-manipulation à l'issue tragique

Ce fait divers remonte au début des années 1950. Un employé des chemins de fer britanniques chargé du nettoyage des trains se retrouve par mégarde enfermé dans un wagon frigorifique par l’un de ses collègues.
Malgré ses appels au secours et ses coups répétés contre la paroi isotherme, le train démarre sans que nul ne s’aperçoive de la disparition du malheureux. Le voyage dure plusieurs heures et, à l’arrivée, l’homme est retrouvé mort, congelé dans un angle du wagon. Son corps livide, examiné par les médecins, présente effectivement tous les symptômes d’un décès par hypothermie majeure. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, un technicien avait signalé au chef de district, bien avant le départ du train, que le système de refroidissement du wagon était en panne. L’homme d’entretien ignorait malheureusement cette information cruciale. La température à l’intérieur de la chambre froide était de l’ordre de 18 °C, il n’y avait donc aucune raison objective pour que l’employé meure de froid. Il est mort, non pas à cause de la réalité, mais par l’action de ses propres représentations et de ses pensées. Comment expliquer que des « réalités imaginaires » puissent avoir des conséquences aussi tragiques ?


Auto-manipulation associée à un phénomène collectif

Un jeune lieutenant de l’armée hongroise, en manœuvre dans les Alpes suisses, envoie un détachement de quelques hommes en reconnaissance, dans une zone sauvage, reculée et couverte de glace. Peu de temps après le départ du groupe, une tempête de neige se déclare. Elle va se poursuivre sans interruption pendant deux jours. Ne voyant pas ses hommes revenir, le jeune lieutenant est convaincu qu’ils sont morts de froid et ressent une profonde culpabilité. Pourtant, le troisième jour, la petite équipe réapparaît au complet. Comment les hommes ont-ils échappé à la tempête glaciale ? Comment ont-ils retrouvé leur chemin dans cette contrée inhospitalière ? Interrogés par le lieutenant, les soldats expliquent qu’ils se sont effectivement cru perdus et qu’après avoir établi un campement de fortune, ils ont attendu la mort. Une mort certaine… Pourtant, en fouillant dans l’une des poches de son treillis, l’un d’entre eux a retrouvé un vieux morceau de carte humide. Rassurés, ils sont parvenus à localiser l’endroit où ils se trouvaient et à déterminer la direction à prendre pour revenir au camp de base. Bravant la tempête, ils ont effectivement réussi à retrouver leur chemin. Le lieutenant demande à voir la carte en question et il constate alors avec stupeur qu’il ne s’agit pas d’une carte des Alpes, mais d’une carte des Pyrénées… Comment expliquer qu’une carte inappropriée puisse redonner espoir à des hommes et leur permettre de s’orienter ?

Extraits de mon ouvrage « L’auto-manipulation, Comment ne plus faire soi-même son propre malheur », aux éditions Eyrolles

L'auto-manipulation. Comment ne plus faire soi-même son propre malheur.