Comment agir avec un enfant manipulateur ?

Les enfants sont manipulateurs… Comme tout le monde ! Dès leur plus jeune âge, ils apprennent à manipuler les adultes pour obtenir un avantage, une reconnaissance, un cadeau, pour évincer leur fratrie ou carrément pour prendre le pouvoir à la maison. Pouvoir qui est souvent d’ailleurs un contre-pouvoir face à une autorité parentale excessive. Les enfants manipulateurs utilisent principalement des ressorts affectifs et sentimentaux pour faire craquer leurs parents. Ils pleurent, jouent les bébés, font des caprices, formulent des plaintes, ont des exigences et savent se montrer câlins ou irréprochables pour en retirer des bénéfices. A d’autres moments, ils pourront utiliser le chantage affectif ou créer de toutes pièces un conflit entre les parents pour installer un désordre qui leur sera profitable.
Ces stratégies fonctionnent d’ailleurs d’autant mieux que leurs parents ont tendance à culpabiliser pour toutes sortes de raisons : présence insuffisante à la maison, manque de temps à consacrer à la vie familiale, lassitude, sentiment de ne pas en faire assez pour sa progéniture. Ces carences sont souvent compensées par des conduites de « rattrapage » : autorisation de regarder un film à la télé malgré l’heure tardive, achat de confiseries, de consoles de jeux, de vêtements de marque, pour que l’enfant soit « comme les autres », invitation à dormir dans la chambre des parents, etc. De telles attitudes renforcent les pratiques manipulatoires de part et d’autre : l’enfant copie son milieu. Si l’on traite avec lui de manière détournée, il répondra de la même façon et il sera difficile d’entretenir avec lui des rapports basés sur la franchise.
Trois conditions sont indispensables pour que l’enfant puisse grandir et se développer sans recourir systématiquement à la ruse, au mensonge ou à la manipulation.
  • La première condition est d’aimer l’enfant pour ce qu’il est et non pour ce que l’on aimerait qu’il soit. Chaque fois que nous reportons sur lui nos propres craintes, nos désirs, nos peurs ou nos envies, nous le manipulons, mine de rien, tout en appelant des comportements manipulatoires de sa part. Exprimez votre amour à votre enfant à travers de petits gestes quotidiens et valorisez ses réussites.
  • La deuxième condition est de ne pas abuser du pouvoir et de l’autorité et de se méfier des systèmes punitions/récompenses plus adaptés au dressage des animaux qu’à l’éducation des enfants. Ces méthodes vous garantissent des résultats désastreux et de futurs adultes névrosés. Apprenez à exprimer vos sentiments lorsque l’enfant franchit les limites de ce qui est acceptable pour vous et laissez-lui la possibilité de coopérer à l’amélioration de vos relations familiales.
  • La troisième condition est de lui permettre d’accéder progressivement à l’autonomie. Vos enfants ne sont pas votre propriété, ni vos faire-valoir. Il est de votre devoir de parent de les lâcher petit à petit pour les accompagner vers l’autonomie. Si, par exemple, vous pratiquez l’injonction paradoxale en les invitant à accéder à l’indépendance, mais que dans le même temps vous faites tout pour les raccrocher à vous, là encore, vous les manipulez. Laissez vos enfants prendre des décisions personnelles, chaque fois que cela ne menace pas leur intégrité physique et psychologique et ne les surprotégez pas lorsqu’ils subissent des frottements ou de petites humiliations, à l’école par exemple. Cela fait partie de leur apprentissage de la vie. 

Caprice, chantage, mensonge... Que faire avec un enfant qui vous manipule ?, Christophe Carré, Paris, Eyrolles, 2017.